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Au Palais Galliera, à Paris, le photographe italien Paolo Roversi, 76 ans, figure majeure de la photo de mode, expose ses images intemporelles, fruit de ses collaborations avec les stylistes Yohji Yamamoto ou Rei Kawakubo, dans une scénographie pleine d’ombres. Cet artiste singulier, qui a fait du studio son terrain d’expérimentation et du Polaroid sa signature, reçoit dans le studio parisien Luce, où il s’est installé il y a plus de quarante ans.
J’ai fait mes premières photos chez moi, dans la cuisine, en Italie. Le studio a toujours été ma maison. Quand je suis arrivé ici, dans cet endroit, à Paris, j’habitais au deuxième étage et je travaillais au premier et au rez-de-chaussée. Maintenant, j’habite ailleurs, mais il y a toujours un aspect domestique dans mes photos. Le côté intime et convivial du studio, c’est ça qui me plaît.
Ça n’a jamais marché très fort. Quand je suis dans la réalité toute crue, ce n’est pas chez moi. J’ai besoin d’être dans l’imaginaire. Le studio est l’espace idéal pour ça. C’est un lieu très ouvert, où il n’y a pas de temps, pas de saisons, pas de limites, même si, en réalité, ça fait… 16 mètres carrés, 18 ? C’est l’espace infini. Le lieu où tout est possible.
Oui, sauf que la page blanche du photographe, elle est noire, et il écrit avec la lumière. Mais, c’est vrai, le studio, c’est une page vide où on peut créer. Un jour d’hiver, il peut y avoir le soleil, un jour d’été, il peut neiger. C’est comme un petit théâtre où je peux tout inventer, expérimenter.
J’aime bien laisser beaucoup de place à la casualité, au hasard, aux accidents. Dans la mode, maintenant, il y a cette course contre le temps, contre le budget trop faible. C’est plus difficile de prendre des libertés.
Le studio appelle le portrait. J’admire le travail des grands portraitistes comme Nadar, comme August Sander, comme Diane Arbus – qui, elle, ne travaillait pas en studio. Mais aussi Irving Penn, Richard Avedon… Ces grands maîtres sont toujours dans ma tête. On fait toujours des photos à partir d’autres photos, on n’invente rien.
La photographie de mode est arrivée un peu par hasard, à travers les rencontres. Mais ça m’a plu, parce que c’est un type de photographie qui me correspond, où il y a une certaine liberté. Ce n’est pas une photographie documentaire : il n’y a pas d’événement, pas d’histoire. Juste la beauté et les rêves.
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